Nous rediffusons ici la tribune rédigée par Denis Duperthuy, membre élu au sein du mouvement les Annéciens et vice-président de l'agglomération du Grand Annecy, délégué aux finances, sur sa page personnelle Facebook.
Comme vous vous en doutez, les semaines passent et les tensions persistent à l'Agglomération du Grand Annecy. Jour après jour, notre institution fait parler du comportement de sa Présidente, Mme Lardet, qui jette le discrédit sur le travail mené par tout un collectif. Cette semaine nous apprenions que la justice ouvrait une enquête pour faire la lumière sur ces faits. C'est une excellente chose et je remercie encore Antoine de Menthon d'avoir saisi la Procureure. Je ne doute pas que la Police puis la Justice feront enfin éclater la vérité. Mais pendant le temps de cette instruction, notre institution va connaitre une période tendue, d'inaction car qui peut encore écouter une Présidente ainsi affaiblie ?
Cette semaine, les syndicats écrivaient une lettre ouverte aux élus pour rappeler les faits et nous sensibiliser sur les impacts de cette violence institutionnelle sur tous les rouages de notre institution. Institution qui se trouve aujourd'hui embourbée dans des affaires dont la seule responsable est la Présidente.
Cette vérité, que la Justice devra qualifier, a conduit deux instances différentes, la Sécurité Sociale d'abord, à reconnaitre un lien entre le travail et la hiérarchie (Mme Lardet) d'un coté, et la maladie invalidante d'une directrice, puis le comité médial du Centre de Gestion de la Fonction Publique de Haute-Savoie (avec 3 médecins qui y siègent) à faire le même constat. Après les alertes de plusieurs élus, dont je suis, la saisie de la Justice, le cri d'alarme des syndicats, et les décisions médicales, que faut-il encore pour que les élus réagissent ? Un suicide ?
Cette semaine, en conférence des maires, alors que j'ai été écarté de cette réflexion, je me suis retrouvé à devoir présenter (en fait servir d'alibi) une prospective financière sur le cout du TCSPI (Transports en Commun en Site propre Intégral). Cela fait peur pour nos impôts et aussi sur la manière dont fonctionne notre agglomération. En effet, alors que la restructuration du réseau SIBRA qui entrera en vigueur fin avril n'a jamais été présentée en bureau, et va couter 10 millions d'euros de fonctionnement par an en plus, soit les recettes de la future hausse du taux du versement mobilité (VM) de 1.20% à 1.60%, la réalisation du TCSPI n'aura toujours pas commencée. Il faudra rajouter des couches (pas à la petite cuillère, plutot à la pelle) de fiscalité. Alors que la stratégie de départ (validée en conseil public) était de mettre en place les lignes de TCSPI PUIS de restructurer le réseau, l'inversion du calendrier voulue par le Vice-President (VP) Mobilités et la Présidente, va couter en moyenne 84 € par an de plus par logement aux contribuables.
Mais quand en avons-nous débattu ? Qui a décidé de cela ? Jamais ces choix n'ont donné lieu à un débat. Comme d'habitude, le VP Mobilités, avec la bénédiction de la Présidente, met les élus au pied du mur (gratuité estivale, électrification des bus, restructuration du réseau...). On apprend que l'on a déjà recruté des chauffeurs sans discussion, on achète des bus sans discussion...Et donc aujourd'hui "on n'a plus le choix". Cela s'appelle une dictature.
A la conférence des maires rebondissant sur une parole de la Présidente qui annonçait qu'elle allait rencontrer le MEDEF et la CPME prochainement en ce qui concerne le relèvement du taux de Versement Mobilité j'ai demandé de préciser :
"Avez-vous oui ou non déjà rencontré ces organisations, alors que c'est ce que vous avez prétendu en conseil communautaire public ?"
La réponse et la vérité ont finit par sortir : non. Une fois de plus, la Présidente a menti aux élus en disant le contraire en conseil. Sa parole n'a plus aucune crédibilité. C'est d'ailleurs ce qu'ont compris tous nos partenaires (Région, Département, Ville, communes, Etat...) conduisant à un isolement sans précédent de notre institution.
J'ai enfin appris que deux conseils privés ont été programmés, le premier dans 15 jours, pour présenter à tous les élus communautaires les choix fiscaux désastreux voulus par la Présidente. Elle a même annoncé que je présenterai la partie financière. Sauf que, bien évidemment, je n'ai pas été consulté en amont pour savoir si je serais présent... Le choix des dates aurait été fait 2 jours avant selon la Présidente. Sauf que M. Sarda en aparté m'a dit que le choix datait de lundi, et que nous étions vendredi mais qu'il n'avait pas trouvé le temps de me consulter... Mensonge encore.
Alors certains me disent : tu devrais démissionner. Mes amis et ma famille savent ce que ca me coute en terme de santé de rester. Car contrairement à ce que veut faire croire la Présidente, cette situation de tensions me pèse énormément. D'autres pensent, que rester c'est cautionner.Je crois au contraire que rester, c'est limiter la casse (par exemple : M. Sarda demandait une hause de 12 millions d'euros dès cette année pour la SIBRA avec une hausse de la taxe foncière, j'ai redescendu les prétentions à 4 millions sans hausse de fiscalité). Rester, c'est conserver les informations, c'est contrer les mauvais coups. Et c'est surtout rester une oreille et une voix pour les agents.
C'est aussi respecter mon mandat car, même si elle souhaite le faire oublier, en 2020 j'ai été élu contre le candidat de Mme Lardet. J'ai été élu par les conseillers communautaires et parmi eux les maires avec un mandat clair : être une vigie, un lanceur d'alerte en cas de dérapage. Contrairement aux ministres qui sont nommés par le Président de la République, les vice-présidents de l'Agglomération du Grand Annecy sont élus par les conseillers communautaires et ne sont pas les inféodés de Mme Lardet.
Oui je me suis cent fois posé la question de quitter tout ca, surtout quand je vois le manque de courage de certains élus (n'ont-ils pas ce qu'ils méritent ? Ne sont-ils pas, par leur silence, les complices de la Présidente ?), mais je ne démissionnerai pas. Chaque jour les agents me le disent: ils comptent sur moi. Chaque jour des maires et des élus me le disent : ils comptent sur moi. Régulièrement nos partenaires me le disent : ils comptent sur moi. Chaque jour les citoyens me le disent: ils comptent sur moi.
Et puis, tout simplement, avec toutes ces prises de position et décisions, il serait assez bizarre que l'un des premiers à tirer la sonnette d'alarme, parte. Ce n'est pas à moi de partir. Je poursuivrai ma mission, malgré les bâtons dans les roues de la Présidente, au service de mon mandat, en respect de mes électeurs (les élus et les citoyens), et en conformité avec mes valeurs, dans un esprit constructif parce que notre agglomération est belle, nos agents font un superbe travail et que nous avons des projets essentiels pour les habitants. Je reste le serviteur du bien commun, de la solidarité intercommunale et de l'intéret de chacune de nos communes.
Diffusée sur la page personnelle Facebook de Denis Duperthuy (11/02/2024 à 10h42)