22 Feb
22Feb

Sur 115 jours de programmation disponibles pour le théâtre municipal de Bonlieu, 21,5 jours sont utilisés. Une situation inacceptable alors que de nombreux acteurs culturels sont forcés de délocaliser leurs représentations. 

La scène culturelle en danger !

Lors du conseil municipal de décembre 2023, Antoine Grange épinglait la gestion de la scène municipale du théâtre de Bonlieu. La convention de gestion prévoit 115 jours dans l’année dans la délégation de service public accordée. D’après le rapport d’occupation, “l’ensemble des manifestations n’a représenté que 21,5 jours. Cela inclût les 11 jours du Festival International du Film d’Animation. Au total, ce sont donc 9 manifestations pour 7 organisateurs.  


Il ne s’agît pas ici de remettre en cause la délégation donnée à l’association Bonlieu Scène Nationale, agissant dans le cadre de son mandat reçu du ministère de la culture le reste de l’année et dont le professionnalisme n’est plus à démontrer.

Nous appelons à porter ce message avec nous : c'est à la Ville de fixer les priorités données dans le cadre de ce conventionnement, en prenant en compte le tissu culturel existant. Une définition des orientations de la Ville qui permettra au nouveau directeur de BNS - Bertrand Salanon - d’assurer avec sérénité les engagements de la convention de délégation de service public. Aujourd’hui la baisse des subventions vient entériner cette politique de désinvestissement sur laquelle nous tentions d’alerter les élu(e)s et les habitant(e)s lors du budget 2022

Une politique culturelle qui bénéficie à une poignée d’acteurs institutionnels du monde associatif ou sportif et très peu aux groupes locaux. En effet, une véritable transparence dans les orientations définies est nécessaire lorsqu’on apprend que la ville ne perçoit que 3 000 Euros pour 15 jours d’occupation pour le Martin Fourcade Nordic Festival (Le Dauphiné Libéré, 27 janvier 2024). 

A nouveau, nous devons alerter les Annéciennes et Annéciens sur ce que cette présentation ne dit pas. 

Etat des lieux

Parmi les 74 fiches actions mises en avant par la majorité sur le site de la Ville d’Annecy, 8 projets ressortent lorsque l’on filtre avec le mot “culture”. On y retrouve pêle-mêle la création d’un groupe de travail sur la condition animale, le développement des jardins partagés et de l’agriculture urbaine, au côté des projets ci-dessous :  

Maigre bilan de la politique culturelle de la Ville d'Annecy

Quelle vision guide ces projets ?  Nous questionnions déjà le choix d’un espace public unique de festivité : La Friche des Rails, sans concertation, en lieu et place des nombreuses salles existantes et demandeuses de programmation. Ajoutant au budget culturel une charge supplémentaire que Réveillons Annecy décide aujourd’hui de faire payer aux associations. Si la reprise en main de la programmation par le service culturel a permis de renforcer l’affluence sur ce lieu, après une année pilote menée par Bonlieu Scène Nationale, ces tâtonnements coûtent chers (165 000 euros en 2021). Cette politique précipitée, menée par le haut et sans concertation ne pouvait bien finir. Un incendie volontaire en plein été sur le site de la Friche des Rails, quelques minutes à peine après la fin des concerts en est l'illustration la plus probante. 

Comme évoqué en conférence de presse, nous appelons en ce début d’année à une “remise à plat du programme événementiel de la ville” (Le Dauphiné Libéré, 27 janvier 2024). 

Une programmation fruit d’une véritable construction commune avec les associations, les professionnel(les) du secteur, les communes et les institutions culturelles et/ou sociales ainsi que les Annéciennes et Annéciens. C’était le sens du programme que nous avons défendu en 2020 : des services communaux présents pour les besoins de la vie de commune nouvelle en donnant aux associations les moyens de fonctionner et d’être visibles.  

Les projets abandonnés ou reportés 

“La culture dans les quartiers, au plus près des habitants, est la grande oubliée !” 

Ce bilan brille avant tout par ses absences.
Pour comprendre les choix et le sens des priorités fixées par la majorité à l’annonce du budget 2024 et lors de la présentation du Plan d’Investissement Pluriannuel 2023-2026, nous devons dresser un tableau plus exhaustif des orientations choisies par la majorité libéralo-écologiste Astorg-Lardet.

  1. Modulation des tarifs de location des salles municipales :  
    La compagnie L’Emporte-pièce se produira dorénavant à Chavanod, face à une hausse prévue 690 à 1800 Euros pour les frais de représentation à la salle Pierre Lamy, entre 2023 et 2024. 
  2. Rénovation du Brise Glace : 
    Pas de budget proposé.
  3. Rénovation du théâtre Renoir : 
    Disparition des 3 M€ annoncés au PPI 2021-2025.
  4. Rénovation de la MJC des Romains : 
    Disparition des 4 M€ prévus au PPI 2021-2025.
  5. Construction d'infrastructures publiques dans le nouveau quartier de Pré Billy :
    Hormis la création d'une Maison d'Assistante Maternelle (MAM) non financée, aucun équipement culturel ou sportif n'est prévu pour ce nouveau quartier prévoyant d'accueillir 2 000 nouveaux habitants et habitantes
  6. Présentation du calendrier de concertation pour la fête du lac 2025 : 
    L’organisation d’un tel évènement prend du temps alors que le plan de consultation est prévu au printemps 2024 pour une décision dès l’automne 2024. Cette temporalité réduite limitera les possibilités de participation alors que les modalités de cette concertation restent floues. L’association L’Autre Scène semblant avoir reçu mandat de la municipalité pour récolter les attentes des habitants et habitantes.  
  7. Accompagnement rapide et engagé pour la reprise du Festival du Cinéma Italien : 
    Après l'opportunité manquée en 2023 malgré le soutien de plus de 1800 cinéphiles et l'engagement financier des partenaires italiens comme du Conseil Départemental, nous attendons toujours une prise de position de la majorité Astorg-Lardet pour l'édition prévue en septembre 2024. 
  8. Médiation face à la suroccupation du Pâquier en août-septembre :
    Alors que les salles municipales sont sous-occupées, nous déplorons l'enchaînement de 12 évènements concentrés sur le Pâquier, rendu inaccessible une bonne partie de l'été : la pelouse se transforme en boue pendant plusieurs semaines par la suite. Cette remise à plat du programme événementiel de la ville nous apparaît forcément prioritaire.
  9. Soutien des initiatives privées au niveau des quartiers : 
    Si les scènes municipales ne semblent pas intéresser nos élus majoritaires, les initiatives privées ne sont pas pour autant soutenues. Le bistrot des Steppes est contraint de recourir à une pétition ayant recueilli près de 1000 signatures, les échos de notre mouvement par la voix d’Antoine Grange lors du dernier conseil municipal et ceux de la presse pour obtenir une réponse de l’adjoint à la culture. 

Voici quelques-unes des absences que ces orientations budgétaires choisies par Réveillons Annecy et ses alliés d’Annecy Respire illustrent en termes de politique culturelle. 

Ces priorités que nous pointons sont le fruit de notre dialogue avec les acteurs et actrices de la vie associative, les clubs sportifs ainsi que les Annéciennes et les Annéciens. Ces priorités mises en œuvre permettraient l'équilibre répondant aux attentes des Annéciens et Annéciennes qui ne s’attendait certainement pas, en votant pour une majorité "écologiste", à un détricotage de la scène culturelle annécienne pour financer sa lubie des grands projets. 

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