Depuis quelques jours, suite à un reportage de BFM, certains membres de la majorité montent clairement au créneau pour dénoncer ce qu’ils appellent le “surtourisme” à Annecy.
Ils oublient au passage que ce phénomène est aussi le résultat de leur politique (ou de leur inaction) car ils sont tout de même aux manettes depuis 3 ans… Mais faire croire, pour ces élus, pour détourner l’attention de leur responsabilité est une constante de communication.
Être élu, être maire d’Annecy, ce n’est pas diviser la population, monter les uns (habitants) contre les autres (commerçants). C’est au contraire chercher l’apaisement, la concorde en proposant des solutions. En relayant des publications, des affichages clairement minoritaires, cette majorité attise le conflit, plutôt que de travailler à trouver des solutions. Ce n’est pas responsable. Et cette communication ne dupe plus grand monde.
La réalité est un peu plus complexe et il est toujours dangereux d’utiliser des mots qu’on ne définit pas. Le mot “surtourisme” vise à enflammer le débat, pas à le résoudre. Nous abordions déjà ce sujet dans un de nos articles en 2020.
Que des villes comme Venise (50 000 habitants sur l’île, 30 millions de touristes par an), Dubrovnik soient victimes de surtourisme, c’est-à-dire d’un tourisme très nombreux tout au long de l’année qui pose des soucis aux habitants est une évidence. Et d’ailleurs ces villes ont mis en place des solutions. A Annecy, la fréquentation touristique est particulièrement élevée en été et sur quelques autres périodes de l’année relativement réduites. Le reste du temps, la vieille ville respire. Nous contestons donc le principe même qu’Annecy subirait un surtourisme, car son cas n’est pas comparable à d’autres cités bien plus impactées par les externalités négatives d'un tourisme de masse.
Il faut répondre à cette problématique par des solutions. Mais des solutions forcément plurielles et pas des solutions simplistes comme proposées par certains.
Fermer les bars et restaurants, par exemple, plus tôt, interdire les terrasses, au lieu de réduire le problème, l'amplifie. Toutes les études le montrent. S’il n’y a pas de lieux canalisés, gérés, comme le sont les bars, les gens achètent de l’alcool en supermarché et le consomment sur la voie publique créant des nuisances bien plus importantes. A-t-on oublié l’épisode du Covid et la fermeture des bars qui ont provoqué des alcoolisations en nombre sur le Paquier et parfois des accrochages avec les forces de l’ordre ?
Il faut réguler les heures d’ouverture des commerces, il faut réguler les terrasses. Mais la prohibition n’a jamais réglé aucun problème. Et nos commerçants font un travail de gestion de l’alcoolisation très important qu’il faut saluer (il suffit de comparer avec les dérapages réguliers de commerçants venus d’ailleurs au moment du marché de Noël…).
Au-delà de cette mesure il faut en appliquer d’autres :
Nous préférerions voir des élus majoritaires proposer des tables rondes, des échanges, plutôt que prendre parti pour tel ou tel. C’est en tout cas notre conception du vivre ensemble et du travail d’élus. Rassembler plutôt que diviser. Faire plutôt que dire. C’est ce à quoi nous nous attelons au quotidien, et c'est la vision que nous avons du tourisme, qui, à travers le voyage, permet d'ouvrir son monde sur l'autre, découvrir, apprendre, et en sortir grandi pour une société plus tolérante, plus ouverte.
Les habitants ont droit à la quiétude, et le tourisme représente un tiers de nos emplois. Si pour certains cette contradiction apparente semble impossible à régler, qu’ils laissent la place à ceux qui ont des idées pragmatiques pour apaiser la ville plutôt que de l’hystériser.
Ce n’est pas en détruisant notre économie locale (plus de ski, plus de tourisme, plus d’industrie) que l’on trouvera l’apaisement et les voies d’un modèle plus écologique. On ne balaye pas d’un revers de main plusieurs décennies d’histoire d’Annecy, comme par mépris du travail des anciens. On fait en sorte que l’on change, que l’on évolue, pour prendre en compte les nouvelles réalités mais sans jeter le bébé avec l’eau du bain. Invectiver, chercher à satisfaire une clientèle électorale et se mettre à dos une partie de la population ne fera que freiner le changement nécessaire. Car un tel changement nécessite un consensus, du respect, la neutralité de la ville et du travail en commun. Bien loin de certaines publications émanant des élus actuels qui ainsi font croire… mais ne font rien d’autre que de crisper et retarder les changements nécessaires.
Le mouvement Les Annéciens