20 Dec
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Antoine Grange, élu du mouvement “Les Annéciens”, est vice-président du schéma de cohérence territoriale du bassin annécien. A l’occasion de la révision de ce document d’urbanisme aux enjeux cruciaux dans l’aménagement de notre territoire, il a rencontré, avec le président Antoine de Menthon et les autres vice-présidents, les élus des quatre intercommunalités du SCoT : du Pays de Cruseilles aux sources du lac d’Annecy, en passant par le Fier et les Usses ainsi que le Grand Annecy. Ces rencontres ont été riches en échanges et les attentes qui en ressortent font écho à notre programme et nos ambitions pour le territoire.

Le SCoT a vocation à synthétiser dans un seul et même document, les grands objectifs en matière d’aménagement du territoire mais aussi, de manière plus opérationnelle, la structure de cet aménagement et la cohérence des plans locaux d’urbanisme communaux et intercommunaux à l’échelle du “bassin de vie”. 

Après cette première prise de contact avec les différents territoires qui composent le SCoT, on constate une évidence : tous les territoires sont confrontés aux mêmes problématiques :

  • coût du foncier
  • mobilité importante mais insuffisamment décarbonée et axes saturés
  • fortes interdépendances
  • difficultés à répondre aux besoins en matière d’équipements et de services publics face à l’augmentation de la population
  • fort turn-over des populations jeunes et à bas revenus à cause de la vie chère
  • difficultés de recrutement pour les services publics et entreprises du fait du coût du logement

Les sensibilités sont différentes, certaines thématiques plus ou moins prégnantes mais il paraît évident que ces problématiques que nous partageons ne trouveront de réponses que dans un travail que nous conduirons en commun. L’exercice du SCoT est de répondre à la question suivante : comment voyez-vous votre territoire dans 20 ans ?

Rencontre avec la communauté de communes Fier et Usses à Sillingy

Le Pays de Cruseilles, qui aujourd’hui se voit comme un territoire à cheval entre le Genevois et l’agglomération d’Annecy, souhaite devenir un véritable trait d’union. La communauté de communes des sources du lac d’Annecy qui se voit aujourd’hui comme un territoire de plus en plus éloigné de la ville préfecture, souhaite affirmer sa polyvalence (économie, emploi, tourisme, logement) tout en améliorant sa proximité avec “l’offre urbaine” d’Annecy, aujourd’hui rompue par les problèmes de mobilité sur les rives du lac. La communauté de communes Fier et Usses souhaite accompagner le développement nécessaire de ses services pour améliorer la continuité urbaine avec Annecy, affirmer ce rôle de pôle de développement, mais avec la garantie de la mobilisation de moyens pour accompagner une urbanisation maîtrisée et raisonnée sur son territoire (transports en commun, services publics, réseaux…). Force est de constater l’absence d’une vision politique claire et partagée en matière d’aménagement pour le Grand Annecy, que nous déplorons depuis toujours.

Le manque de vision de l’aménagement du territoire du Grand Annecy, intercommunalité pourtant la plus peuplée de tout le territoire du SCoT du bassin annécien, est un problème. A la fois pour se projeter sur des projets à l’échelle du SCoT, notamment en matière de mobilité, mais également pour le débat sur cet aménagement du territoire, qui finit par se baser sur des termes qui n’ont pas de sens.

Pouvons-nous nous poser la question d’accueillir moins de population ?

C’est la question que l’on entend au Grand Annecy depuis quelques années. Oui, la population en a ras-le-bol d’une urbanisation mitée qui ne pense qu’au travers d’objectifs chiffrés sans se saisir de la dimension sensible des espaces urbains. Mais cette réaction, dont le trait est ici un peu forcé, ne mérite-t-elle pas une réponse plus complexe ? Saisir la réalité n’est pas aussi évident que de jouer à un jeu vidéo comme SimCity. 1) Les algorithmes sont bien plus complexes 2) les solutions aussi. 

Dans nos collectivités, aucun outil ne nous permet de nous poser cette question, car les solutions n’existent pas. Ne pas accroître l’offre de logement sur notre territoire dynamique aura plusieurs effets néfastes socialement, économiquement et écologiquement :

  • Les classes populaires qui perçoivent les salaires les plus modestes seront exclues du territoire, diminuant de fait, la mixité sociale sur notre territoire
  • Les travailleurs et notamment les fonctionnaires avec les salaires les plus bas (commis de cuisine, serveurs, policiers, soignants, éboueurs, auxiliaires de vie…) relégués en périphérie lointaine seront plus dépendants de leur voiture, du prix de l’essence tout en augmentant leur bilan carbone
  • L’empêchement de toute relocalisation d’activités productives qui, privées de salariés, ne pourront participer au développement de nos circuits courts

La question qu’il faut poser à notre niveau de responsabilité est donc celle-ci : comment proposer du logement à destination de nos locaux, qui habitent et travaillent ici depuis toujours mais qui aujourd’hui sont contraints au départ ou à la précarité, sans dégrader nos villes, nos villages et nos paysages ?


1. Proposer une offre de logement en fonction des besoins locaux

Cette offre doit être pensée non plus à travers la demande, mais à travers le parcours résidentiel avec l’objectif de permettre l’accession sociale à la propriété pour faciliter la rotation du parc social existant, tout en proposant des perspectives d’évolution à nos habitants et une stabilité qui leur permettra de rester habiter sur le territoire. Pour cela, le Grand Annecy doit miser fortement sur le bail réel solidaire (BRS) qui est l'échelon manquant sur lequel la Ville d’Annecy refuse de travailler, en complément du logement social traditionnel. Le BRS a aussi l’avantage de pouvoir intégrer des clauses qui lient l’emploi au logement, répondant ainsi directement à la logique de fidélisation tant souhaitée par nos entreprises. 

2. Investir dans les équipements publics

C’est indispensable. Ce sont ces équipements publics qui doivent accompagner le développement urbain et notamment la densification exigée par l’objectif national de zéro artificialisation nette. De Faverges à Sillingy, le développement urbain ne s’est pas accompagné d’une augmentation de la capacité de nos réseaux de mobilités, tant en matière d’infrastructures que de transports en commun. Idem, alors que tout a été pensé pour que les lycéens se rendent tous en centre-ville d’Annecy (ce qui génère d’importants flux), un nouveau lycée est donc nécessaire pour décentraliser et créer de nouvelles polarités. Son positionnement est en réflexion, il serait pertinent soit vers Faverges, soit vers Sillingy a priori. 

Dans la plupart des commentaires qui font le reproche de l’urbanisation, la motivation est surtout la dynamique de rattrapage perpétuel dans lequel se trouvent nos collectivités face à la croissance démographique.

3. Protéger notre environnement et notre écosystème

Les enjeux du siècle sont immenses. Les territoires qui composent le SCoT sont déjà inégalitaires en la matière. L’accès à la ressource en eau est une question cruciale : entre les rives du lac et le bassin du Chéran, la problématique du stress hydrique n’est pas la même. Nous avons la chance de bénéficier d’une réserve naturelle d’eau douce extrêmement importante (nous consommons en moyenne l’équivalent de 8 cm de hauteur d’eau de notre lac par an). L’enjeu est de pallier le stress des bassins hydriques alentour pour préserver les écosystèmes de nos rivières et nos paysages. 

La préservation du grand paysage est un enjeu fort. L’artificialisation des sols a déjà été fortement freinée en une décennie. Elle devra être neutre en 2050. Cependant, bien que nécessaire, la densification impacte aussi nos paysages. Face à cette problématique, le SCoT devra s’attacher à prendre en compte cet impact, trouver des solutions et ainsi préserver la qualité de vie dans nos espaces urbains également.

En résumé, le SCoT doit remplir son rôle : concerter, planifier, et mettre en cohérence et en cohésion les objectifs nationaux et territoriaux en matière d’aménagement du territoire.

L’enjeu est de passer d’un SCoT “première génération”, qui a été approuvé en 2014, à un SCoT de “deuxième génération” d’ici 2024, qui porte une véritable ambition en matière d’aménagement et une vision du grand territoire. A l’instar du programme porté par “Les Annéciens” dès 2020, la requalification de l’aérodrome d’Annecy est dans la droite ligne de la vision d’avenir que nous souhaitons incarner : construire sur les terrains déjà artificialisés, recycler les espaces, imposer des constructions bas carbone et bâtiments à énergie passive ou positives, cesser l’artificialisation de terres agricoles productives, indispensables à la relocalisation de notre production, proposer un habitat à proximité immédiate des services publics et infrastructures de transports.

Antoine GRANGE

Conseiller municipal de la Ville d'Annecy et vice-président du SCoT



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