03 Mar
03Mar

Nous nous réjouissons qu’un million d’euros puisse être consacré aux projets des citoyens, cependant nous ne sommes absolument pas d’accord avec la méthode et la communication de la majorité de la Ville d'Annecy.

Premièrement, le modèle sur lequel est bâti ce budget participatif est par essence inégalitaire. Si nous, Les Annéciens, proposions d’attribuer ce budget participatif équitablement entre les conseils de quartier, c’est pour que toute la population annécienne puisse en bénéficier. Or, en ne répartissant pas cet effort financier sur le territoire, les quartiers où la participation citoyenne est moindre, c’est-à-dire les quartiers les plus populaires, risquent fortement de se retrouver exclus de ces investissements

Ainsi, ce sera donc un million d’euros à destination des classes les plus favorisées : c’est tout l’inverse d’une véritable politique sociale.

Deuxièmement, nous avons été impressionnés par le génie de François Astorg avec les chiffres. Il a choisi d’écrire cette dépense d’une manière bien particulière dans le budget : 500 000 euros sont inscrits dans les dépenses de fonctionnement de la Ville et 500 000 euros sont inscrit dans le budget d’investissement. Ces premiers 500 000 euros consacrés au fonctionnement sont confondus avec les charges à caractère général de la collectivité, et il est intéressant de constater que si on les soustraits, on constate une baisse drastique de ce budget qui pourtant est nécessaire au bon fonctionnement de la collectivité. Ceci nous inquiète pour les conditions de travail des agents dont l’enveloppe baisse drastiquement, mais surtout, nous nous posons des questions sur la destination finale de ces 500 000 euros : serviront-ils vraiment à financer des projets participatifs ou serviront-ils à pallier la diminution des dépenses de fonctionnement de la Ville ? 

Mettre un budget participatif dans les dépenses de fonctionnement de la collectivité, c’est aussi questionner le principe des projets qui seront réalisés. Il nous a été expliqué que ces dépenses de fonctionnements sont nécessaires lorsqu’il s’agit d’organiser des fêtes de quartier par exemple : mais le principe d’une fête de quartier n’est-il pas qu’elle puisse se tenir chaque année ? 

Ainsi, tous les ans, deux options s’offriront à nous dans cette configuration : 

  • Soit le budget de fonctionnement de la collectivité devra croitre pour promouvoir d’autres projets tout en continuant de financer ceux de l’année précédente,
  • Soit l’enveloppe ne bougera pas et on se retrouvera à financer tous les ans les mêmes évènements, qui comme je l’ai déjà dit, profiteront très probablement aux quartiers les plus aisés de la ville.

Tout ça pour dire que certes, afficher un million d’euros de budget participatif, c’est très bien, mais lorsque l’on va plus loin que votre effet d’annonce, ce budget participatif tel qu’il est présenté ne tient pas debout pour trois raisons : 

  • Déjà car la majorité pourra annoncer médiatiquement dès le vote du budget qu'elle l'aura réalisé à hauteur de 50% grâce aux 500 000 euros inscrits en dépenses de fonctionnement mais dont la destination n’est pas garantie d’être aux projets proposés ;
  • De plus, parce qu’il n’est pas soutenable d’année en année sans une augmentation drastique des dépenses de fonctionnement de la collectivité ;
  • Et pour finir, parce qu’il est par essence une contre-mesure sociale qui accentuera les inégalités.

Nous insistions : le seul moyen de faire de ce budget participatif une véritable politique publique qui serve l’intérêt général, c’est de le répartir équitablement entre les conseils de quartier pour leur offrir toute liberté, en garantissant l’égalité pour des projets de fraternité sociale.

Retrouvez l'intervention d'Antoine Grange en entier lors du conseil municipal du 1er mars 2021 :

Les élu.e.s du groupe Les Annéciens

Commentaires
* L'e-mail ne sera pas publié sur le site web.