La Ville d’Annecy a lancé le 29 avril 2024 en conseil municipal son “appel à manifestation d’intérêt” pour la rénovation et la valorisation de 6 sites municipaux très hétéroclites.
Le groupe Les Annéciens, comme plusieurs groupes d’opposition ont voté contre cet A.M.I.. Un coup de comm’ masquant bien mal l’inaction de la majorité Astorg-Lardet sur la rationalisation du patrimoine municipal, doté de plus de 800 bâtiments. Un parc immobilier public qui coûte très cher à la collectivité, sans que son utilité soit démontrée. Les sites ciblés tels que la Villa Abeille, la Grange Fauré, le presbytère de Balmont, le château d’Aléry et la ferme de Novel revêtent quant-à-eux un intérêt indiscutable, qu’il soit patrimonial, géographique ou symbolique. Il semble donc ahurissant que la collectivité soit incapable d’avoir une vision sur le devenir de ces espaces, alors que des besoins existent.
Intérieur de la Villa Abeille : un bâti vétuste, peu adapté, qui nécessite une réhabilitation lourde du fait de problèmes de structure majeurs
Les porteurs de projets étaient réunis ce mercredi 3 juillet au forum de Bonlieu pour présenter leurs idées et échanger avec d’autres initiatives. Nous sommes allés à leur rencontre.
Les six bâtiments proposés sont, pour la plupart, dans un état de dégradation avancée et nécessitent une réhabilitation très lourde. Ainsi, ce dispositif “AMIRALE” a été présenté comme le moyen pour la collectivité de proposer aux acteurs privés de présenter des projets dans l’espoir que la collectivité n’ait pas d’argent à mettre dans la rénovation de ces lieux.
Comme l’a très bien illustré le collectif des habitants de Balmont, l’incompréhension règne quant au choix des sites proposés. Alors que les habitants de Balmont se sentent abandonnés par la collectivité, sentiment renforcé par le départ progressif des commerces et services de proximité du village, ces derniers aimeraient voir dans le presbytère naître un lieu pouvant accueillir une nouvelle vie de village, avec commerce, services… Mais déjà à peine leur projet avancé, il leur est vu signalé que le rez-de-chaussée de la bâtisse -toujours occupé- ne pouvait faire partie du projet. Dans ce cadre, l’étage étant sans accès pour les personnes à mobilité réduite, toute leur proposition est remise en cause.
N’est-il pas justement dans ce cas, du rôle de la collectivité de conduire un projet pour les habitantes et les habitants ? Pourquoi leur demander de se constituer en collectif ? Comment croire que ces derniers, qui payent des impôts locaux, devraient mettre encore la main à la poche pour rénover un bâtiment public ?
C’est bien là où l’esprit initial du dispositif est galvaudé : présenté à la base comme un moyen innovant de faire des économies, la plupart des porteurs de projets (en grande majorité associatifs), ne peuvent imaginer supporter de tels coûts de rénovation seuls. Si les initiatives sont bonnes, le format “AMI” inquiète lorsqu’il ne garantit pas l’ouverture au public des sites une fois les projets retenus, alors que les rénovations vont devoir se faire inéluctablement, à quelques exceptions près, sur les deniers de la collectivité.
Il est illusoire dans la période économique actuelle de croire que la plupart de ces sites vont pouvoir bénéficier de fonds privés aussi volumineux que nécessaires.
Si de nombreuses associations reconnues d’intérêt général comme la Croix Rouge portent des initiatives enthousiasmantes en faveur des plus démunis, nous alertons sur le fait que plusieurs collectifs proches de la majorité municipale se sont engouffrés dans la brèche pour proposer eux-mêmes des projets. Aussi intéressants soient-ils, nous serons extrêmement vigilants à ce que ce ne soient pas toujours les mêmes qui se retrouvent récompensés par les appels à projet divers lancés par la majorité depuis le début du mandat, et que ces projets répondent à la notion d’intérêt général.
Si certains porteurs de projet ont les reins solides (comme certains promoteurs) et sont en capacité d’assurer la technicité des projets, il va falloir convaincre désormais sur l’intérêt de la démarche “AMI”, en certifiant du respect de l’objectif d’intérêt général et de préservation des finances publiques.
Le mouvement et les élus Les Annéciens réaffirment qu’une politique volontariste et anticipatrice pour gérer le patrimoine de la Ville est nécessaire. Nécessaire pour réguler les coûts, mais également pour mettre en œuvre et coordonner les projets sur le territoire qui bénéficient au plus grand nombre et sont d’intérêt général. Sans puissance publique, plus de service public.
Le mouvement Les Annéciens