04 Mar
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Le lycée Baudelaire construit à Cran-Gevrier au tout début des années 90, a une histoire singulière. Son architecture, son organisation pédagogique, son fonctionnement doivent beaucoup à sa première équipe de direction et aux premiers fonctionnaires nommés pour y exercer leur métier, enseigner ou non. L’esprit du lieu est né d’un désir d’excellence et de reconnaissance dans l’univers scolaire annécien où le label de la bonne éducation et de la réussite est détenu par Berthollet (pour le public) et Saint-Michel (pour le privé), distribué par la bonne société conservatrice locale. Baudelaire a donc fait comme ses collègues d’infortune, les lycées Gabriel Fauré et (pour « le technique ») Louis Lachenal à Argonay. Il a choisi de proposer des enseignements originaux qui réclament une pédagogie novatrice et des BTS post-bac proches des nouveaux métiers.

A l’entrée au lycée, en seconde, en particulier, le lycéen peut choisir le théâtre, le cinéma-audiovisuel, l’histoire des arts, la musique, le latin, la science et le laboratoire. 

Ces enseignements sont régulièrement menacés d’être supprimés ou disparaissent. 

Il n’entre pas dans les objectifs du gouvernement de maintenir un enseignement qui donne accès à la fréquentation d’une culture artistique vivante, qui offre ce à quoi beaucoup de ceux qui entrent au lycée n’ont pas droit : la fréquentation des œuvres, l’initiation à la création, la rencontre avec les artistes. Il n’entre pas dans les objectifs du gouvernement de continuer à établir des liens entre les élèves et les créateurs, avec les compagnies théâtrales, les salles de cinéma. Il n’entre pas dans les objectifs du gouvernement de déroger à la loi comptable du recrutement local et de continuer le recrutement à l’échelle de l’Académie des élèves motivés. En fait, il n’entre pas dans les intentions du gouvernement d’offrir autre chose qu’un patchwork d’enseignement artistique proche de l’atelier de patronage, mélangeant un peu tout sous la houlette des arts plastiques devenus plutôt visuels

Tout ça pour quoi ? Pour faire des économies.

Le lycée Baudelaire, maltraité depuis quelques temps par les errements des réformes successives, est aujourd’hui dans l’angoisse de voir s’éteindre ses enseignements optionnels. Les élèves inventent, chaque printemps, une Semaine culturelle, dont les manifestations enthousiastes et pourtant savantes, reçoivent un nombreux public qui réunit bien au-delà des élèves et de leurs proches.

Le mouvement Les Annéciens milite pour cet enseignement d’une culture artistique exigeante. Il salue le travail et l’énergie des lycéens de Baudelaire, de leurs professeurs et de leurs partenaires culturels. Même s'il n’a guère de chance d’être entendu par le gouvernement, ou la Région gestionnaire. Par ces quelques mots, nous souhaitons attirer l’attention sur cet enjeu majeur, et espérons mobiliser la population du Grand Annecy.

Au Conseil municipal, les élus du groupe Les Annéciens sont déjà intervenus efficacement au début du mandat pour que l’option musique du collège des Balmettes, pépinière de Conservatoire, ne soit pas supprimée.

Nous poursuivons dans cette voie et relayons les inquiétudes des professeurs, parents et élèves auprès de nos collègues élus municipaux. Bien que l'organisation des enseignements des lycées soit de la compétence de l'éducation nationale, nous sommes convaincus qu'une action concertée des élus locaux peut faire bouger les lignes. C'est pourquoi nous encourageons l'exécutif à prendre publiquement position contre cette casse des options.
La fatalité n'est pas dans notre ADN. Battons-nous ensemble, unis (élus, professeurs, élèves, parents), pour faire revenir l'Education Nationale sur ses décisions.

Nous sommes aux côtés du Lycée Baudelaire et de ceux qui le composent : ses professeurs, ses élèves et leurs parents. 

Nous savons qu'au-delà de l'enseignement de secteur, la possibilité d'offrir des options particulièrement pointues est aussi une possibilité pour ces lycées, dont les Indices de Position Sociale (IPS) sont parmi les plus bas du territoire, de diversifier la population étudiante accueillie. Nous sommes très attachés à cette mixité sociale. Si le sort du latin semble malheureusement jeté, nous demandons à la ville de mettre tout son poids pour maintenir les autres options. Il s'agit d'une question scolaire mais aussi sociale source très importante de dynamisme pour un grand quartier de notre ville.  

Le mouvement Les Annéciens

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