28 Aug
28Aug

C’est arrivé comme un cheveu sur la soupe. La majorité, en manque de réalisations depuis le début de son mandat, se fait remarquer par un projet sorti du chapeau : la piétonnisation de la rue Président Favre.

Rajouter des difficultés aux difficultés

Si étendre la zone piétonne est une bonne idée en apparence (le haras et les nouvelles Galeries Lafayette sont des jalonnements idéaux pour un parcours piéton), force est de constater que les conséquences de la seule piétonnisation de la rue Président Favre (qui devrait être suivie de la piétonnisation de la rue de la Paix), est une catastrophe

Depuis le début de l’été, les riverains, déjà fortement exposés à la pollution, aux bouchons, sont désormais témoins du concert de klaxons quotidien, parfois incessant entre 9h et 21h, se prolongeant certains jours dans la nuit. La fréquentation de la rue de la Paix a très largement augmenté du fait de la fermeture de la rue Président Favre (qui permettait à des milliers de véhicules par jour de rejoindre directement le rond-point du tunnel Courier) et la hausse de fréquentation constatée chaque été au parking Bonlieu (dont une entrée se situe au niveau du tribunal).

“Quand les GPS se seront actualisés, tout ira mieux.” dixit la majorité d’Annecy par la voix de Marion Lafarie, l’adjointe au stationnement. Trois mois après, faute d’itinéraire alternatif, le GPS n’a toujours pas pu en inventer un tout seul.

Une décision incompréhensible

Tellement incompréhensible qu’aujourd’hui se multiplient les conflits sur cette petite portion piétonne : la piste cyclable coupée, les cyclistes se retrouvent parfois dans les copeaux de bois de ce qui était auparavant leur piste cyclable, ou l’esquive en passant sur le côté (le trottoir, donc). Les motos continuent de passer. Comment un espace qui fonctionnait bien, était pourvu d’une piste cyclable largement utilisée (alors qu’il s’en construit partout, puisqu’elles sont nécessaires), d’une séparation claire entre les flux (piétons, cyclistes, automobilistes) a-t-il pu se retrouver saccagé ? Avec des installations au goût et à la durabilité douteux ? Le comble est de constater les centaines de litres d’eau supplémentaires utilisées chaque matin par les agents de la Ville d’Annecy pour maintenir le gazon fleuri tout juste planté en pleine période de canicule, alors que nombre de fontaines publiques sont fermées.

Quel besoin de se précipiter alors qu’un nouveau plan de circulation est à l’étude, avec la création d’un rond-point rue des Usines qui permettra de détourner le flux de circulation au centre ville en offrant un nouvel accès, plus approprié, à la rocade ? Pourquoi ne pas avoir simplement attendu un peu plus d’un an (selon ce qui est annoncé) que soient mises en œuvre les alternatives indispensables à cette piétonnisation pour ne pas congestionner davantage encore l’hypercentre d’Annecy avec les voitures ?

Un projet slogan déconnecté

La majorité sans projet à la tête de la Ville d’Annecy, déconnectée des habitants comme toujours, a jeté son dévolu sur cet espace pour enfin faire quelque chose qui se voit. De ce point de vue, c’est réussi ! En matière de communication, “Annecy est à la pointe”, “Annecy investit l’urbanisme tactique”, “c’est par l’expérimentation que nous ferons évoluer les pratiques et nos politiques”. Seul objectif : s’autosatisfaire ? Ou alors créer l’illusion du mouvement

Une communication mensongère

Sauf que d’expérimentation il n’y a que le mot, vidé de son sens dès qu’il a été évoqué en conseil municipal. Il a été acté par la majorité qu’il n’y avait pas de raison de revenir sur ce projet, car il était en fait définitif. Mettre les gens devant le fait accompli, sous couvert de d’une concertation qui n’aura rien changé… Pourtant, comme en témoigne la réunion publique du 30 janvier dernier à la salle des Eaux et Forêt, il n'y avait presque que des mécontents.

Intervention commune des groupes Annecy Ensemble et Les Annéciens

Plus incroyable encore, alors que nous étions en pleine rédaction de cet article, Réveillons Annecy communique sur son “bilan de mandat”, illustrant avec grand talent la déconnexion de leurs élus avec les réalités du territoire en déclarant la piétonnisation de la rue de la Paix.

Quand on a connaissance du ballet ininterrompu des véhicules qu’ils ont provoqué par la piétonnisation prématurée de la rue Président Favre… Tout cela se passe de commentaire.

Une certaine forme d'écologie : un pas en avant, trois pas en arrière

Tragiquement, ce type de décision rendra plus difficiles les prochaines étapes. La piétonnisation de la rue de la Paix (qui attend toujours l’ouverture du nouveau haras, dont les travaux n’ont pas commencé, et qui ne semble décidément plus dans les priorités de la majorité) et toutes les autres piétonnisations à venir ne manqueront pas de cristalliser des oppositions de la part des habitants. La majorité d’Annecy s’en est faite une spécialité : elle souffle sur les braises, clive, attise les conflits, divise, mais sans pour autant réussir à mieux régner. 

La méthode est claire, c'est la même que pour le règlement des terrasses. S’asseoir aux côtés des résidents de la vieille ville, leur dire oui pour ensuite aller voir les commerçants et leur dire oui également. Est-ce ça la politique ? Un monde sans courage ni décision ? 

La colère des riverains de la rue de la Paix conduira sans doute la majorité à faire un geste dans leur sens la prochaine fois : réserver le parking Bonlieu et du palais de justice aux résidents ? Interdire aux non-résidents de venir ou de traverser Annecy en voiture ? Ils ouvriront une nouvelle “concertation” non pas pour écouter, mais pour justifier ce qu’ils auront décidé avant, réussissant dans le même temps à vider de leur sens les mots "concertation" et "stratégie". Une fois de plus, il imposeront un projet, mal pensé et déconnecté, pour se prendre les pieds dans la réalité une fois de plus. Ils proposeront ensuite un autre projet, pour les commerçants cette fois-ci, car ils auront oublié lors du projet précédent que leurs consommateurs étaient aussi des clients de l’ensemble de l'agglomération. Et ainsi de suite…

Voilà la vision de la majorité d’Annecy : celle d’un clientélisme rampant, court-termiste, qui obscurcit toute perspective et empêche toute vision de long terme, ce dont on a pourtant besoin à l’heure du réchauffement climatique. 

Annecy et les habitants ont vite besoin d’une nouvelle équipe ambitieuse, pragmatique et ouverte au dialogue. 

Le mouvement Les Annéciens

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