C’est une réunion publique sous tension qui s’est tenue à la salle des eaux et forêts ce lundi soir.
Dans un quartier déjà engorgé par la circulation automobile, ces idées de piétonnisation et de végétalisation sont bienvenues, à première vue. Le premier étonnement est de proposer dans une première réunion publique, un projet en apparence quasi ficelé, dont la seule variable d’ajustement présentée n’est que la piétonnisation ou la mise en sens unique du deuxième tronçon de la rue de la paix le long du mur d’enceinte du haras. Avec raison, les riverains peuvent s’inquiéter de la prise en compte de leurs préoccupations du quotidien, découvrant un projet déjà bien engagé.
Phasage du projet
Sans cette réalisation, l’étude sur les flux de circulation qui a été menée montre que le temps de parcours sur cette seule portion (environ 800m à vol d’oiseau, entre le rond-point des Marquisats et l’avenue de Brogny) augmenterait de 4 minutes au moins ! Lorsque l’on connaît les difficultés déjà vécues par les automobilistes et les très fortes nuisances engendrées par cette congestion pour les riverains à certaines heures de la journée, il serait clairement irresponsable en l’état de condamner ces axes, ne serait-ce que pour les besoins de circulation de nos véhicules de service et de secours. C’est dans cette optique que nous relayons ces inquiétudes légitimes, et ce même si nous comprenons l’intérêt urbanistique des expérimentations qui auront lieu dès cet été sur la rue du Président Favre et qui vont entraîner sa fermeture partielle (entre la rue de la paix et le rond point qui fait la jonction avec l’avenue de Brogny).
Déjà extrêmement contraint dans le secteur avec l’abandon de la mise en souterrain du parking préfecture, que restera-t-il après la suppression des dizaines de places sur les rues piétonnisées ? « Le parking du palais de justice » nous dit-on, mais tous ceux qui l’utilisent se demandent : se fiche-t-on de nous ?
Concernant le coût du projet, a été avancé le chiffre de 1,3 millions d’euros pour la totalité du projet. Or, ce chiffre pose vraiment question : alors que la végétalisation de la place François de Menthon est estimée à 650 000€, les élus majoritaires estiment donc que l’ensemble de la piétonnisation qu’ils prévoient ne coûterait que 650 000€. A titre de comparaison, avant l’importante inflation que nous avons connue cette dernière année, la piétonnisation de la première portion de la rue de la paix entre la rue Carnot et la rue Président Favre en 2021 a coûté 341 000€. Comment croire que l’ensemble de la piétonnisation envisagée dans le projet ne coûtera “que” le double alors que le linéaire à piétonniser est au moins trois fois supérieur ? Toutes ces incohérences participent à l’incompréhension, s’en suit logiquement le doute des habitants.
Même si l’initiative de la concertation et l’intention sont bonnes, force est de constater que nous avons besoin que la Ville s’y prenne autrement. Dans un certain nombre de projets urbains, les collectivités font de plus en plus appel à des médiateurs (dits “agents de liaison”), embauchés en contrat de projet pour une opération. C’est d’ailleurs une solution mise en œuvre par notre ville jumelle de Sainte-Thérèse (Québec) avec laquelle nous avons échangé au mois de mai sur le sujet (avec élus et techniciens), et qui a permis l’acceptabilité citoyenne sur un projet d’envergure de rénovation/restructuration autour de la rue principale du centre-ville.
Site de la concertation sur le projet de la rue Turgeon à Sainte-Thérèse (Québec)
Sans doute que cette opération à Annecy aurait pu en bénéficier afin de pouvoir s’assurer qu’au sein de la collectivité et dans le suivi du projet soit présent une personne au contact quotidien avec les habitants, en recueillant les inquiétudes, en apprenant aussi ce qu’est vraiment la vie quotidienne des riverains dans le quartier : tout le monde serait gagnant, les finances de notre Ville in fine aussi !
Retrouvez la présentation du projet sur le site de la ville.
Les élus Les Annéciens