28 Apr
28Apr

A celles et ceux qui n'ont pu nous rejoindre mardi 25 avril dernier à 12h15 pour la première édition des midis des Annéciens (chaque dernier mardi du mois), nous vous proposons un compte rendu !

Nous vous attendons pour les prochains rendez-vous :

Un grand merci à tous les participants pour leur intérêt et leurs contributions qui ont fait de cet événement une réussite pour toutes et tous : novice de la politique, expert d'un domaine, élus, jeunes et moins jeunes. 

Prochain objectif : faire venir et rencontrer d'autres intéressés ! Ces rendez-vous doivent devenir une habitude, chaque dernier mardi du mois, pour faire vivre le débat politique local, pour se former mutuellement, comprendre notre environnement, pour AGIR ! 

A chaque midi sa thématique. 


Compte rendu de la réunion du 25/04/2023

L’objectif de ces « Midis des Annéciens » est mu par le désir de former, d’apprendre, donner la capacité d’intervention aux autres adhérents de donner l’opportunité à nos élus et adhérents avertis de ne pas limiter la « connaissance de la chose publique » aux élites et de l’ouvrir à tous, afin d’éviter la victimisation ambiante, et combattre la passivité politique des gens. 

En effet, de nos jours, les élus constatent souvent sur une participation citoyenne limitée, qui, au fond les arrangent bien, mettant en valeur leur importance. Le constat est que la plupart d’entre nous ignorent bien souvent le sens et le contenu des « choses politiques », et se limite à la connaissance de problèmes localisés, proches du souci personnel. Or, il devient crucial de faire connaitre ce qui se passe dans nos collectivités, et de maitriser le fonctionnement du tissu institutionnel, dans le but d’en comprendre les tenants et aboutissants et de sortir de la question individuelle pour l’ouvrir à une vision plus large et plus territoriale. 

Pour finir cette introduction est soulignée l’importance de tenir un rythme pour ces débats et de nous voir à intervalles réguliers, et de nous ouvrir à l’extérieur (chaque dernier mardi du mois, en l'occurrence). La démarche peut se faire en partant de souci personnel et localisés pour définir et élaborer des enjeux de politiques publiques plus vastes. Ainsi pour ce faire, il est nécessaire de s’élever depuis les problèmes concrets et localisés vers une question plus globale qui doit être identifié comme relevant des politiques publiques. 

  • Comment définir une question politique à partir de soucis individuels ?

Il est tout d’abord essentiel de passer au-delà du ressenti, en évitant de prendre ses questions personnelles et les considérer tel quel comme des problèmes politiques. Le risque est que certains problèmes importants soient éclipsés par des problématiques mineures. 

  • Interpeler les acteurs compétents

Le rôle des médias est assez crucial à ce stade et permet, lorsque leur intérêt est amorcé, d’impliquer des institutions dans le débat de façon plus rapide et efficace. Un exemple intéressant se trouve dans la position de notre groupe contre le développement du Palais des Congrès :  ainsi, en se basant sur des études environnementales, économiques, ainsi que le monde socio-professionnel, il a été possible d’apporter une analyse pertinente, tenant compte de l’évolution de la société et des contextes, conduisant à l'abandon du projet.

Lorsque le problème est identifié, il faut ensuite mettre en place une politique publique qui vise à répondre aux besoins : pour cela, il faut identifier le/les acteur(s) pertinent(s) dans le mille-feuille administratif : Commune, Agglo, Département (…), en les sollicitant en fonction de leurs compétences. Eux seuls ont les moyens de faire avancer la question directement. Cela ne sert pas à grand-chose d’interpeler un acteur politique qui n’est pas en mesure de faire inscrire la question dans l’agenda de l’institution. 

Il faut donc travailler à faire inscrire la question dans le débat de l’institution compétente au plus vite.

Au départ, il faut bien identifier la question ainsi que les acteurs pertinents impliqués :  l’exemple du dossier du Haras montre ce qu’est un problème mal défini : trop de paramètres érigés en "totems" par les élus en charge, et qui font que l’on s’éloigne du concret, des besoins, de la faisabilité, et finalement les différents acteurs impliqués ne semblent plus vraiment le maîtriser.

  • Faire avancer la concertation sur le dossier

L’institution responsable met en place des concertations avec d’autres acteurs impliqués soit institutionnels, soit sur le terrain. A ce stade apparaissent des biais, des avis différents. Il devient difficile de garder en visu l’intention de départ, qui peut être modifiée avec les nouveaux acteurs qui ont des intérêts et des objectifs différents. Le processus est souvent long et implique souvent de nombreux acteurs, compliquant ainsi le processus de concertation.

A ce stade, les grouppes de lobbying sont spécialistes pour faire passer des problèmes mineurs au-devant de la scène (ex : la vague du Thiou) et le citoyen lambda ressent une difficulté importante pour se faire entendre, et faire comprendre son besoin initial. Plus la question est simple, plus elle a de chances d’aboutir. Ce qui fait que les politiques publiques débouchent, c’est tout d’abord la simplicité des actions (ex : l’installation d'un dos d’âne par rapport à la création d'une ligne de transport en commun). C’est aussi souvent des choses visibles auxquelles les élus peuvent faire référence. 

  • La mise en œuvre et le suivi

Dès que les projets deviennent plus complexes à mettre en œuvre, dès qu’il y a besoin de mobilisation politique, la concertation et le débat sont plus difficiles, tout comme la réalisation : cela dépend principalement du maitre d’œuvre en cause (l’acteur institutionnel moteur du projet), en particulier sa capacité et sa volonté à gérer les projets, et le cadre dans lequel s’inscrit cette politique, ainsi ses facultés à fédérer. Quand le maitre d’œuvre (élu) ne maitrise pas son sujet, c’est un handicap. Le lobbying peut aider à la progression du projet. Pour revenir au Haras, nous sommes dans le cas typique d’un dossier mal défini, et d’acteurs peu compétents sur le sujet : chaque acteur a une vision idéaliste et personnelle du projet, souvent trop complexe, qui fait que rien ne commence et rien n’aboutit, même pas un début de réalisation.  Par contre, les budgets d’études explosent, justifiant que l’acteur principal s’occupe de la question. Mais rien ne se fait concrètement… Certaines communes passent par des budgets donnés à des projets participatifs et donc s’en décharge ainsi, évitant de prendre personnellement responsabilité des décisions, et se déchargeant de la responsabilité des problèmes qui pourraient intervenir. 

  • De l’intérêt de poser des priorités 

La gestion de projet doit s’imaginer par priorisation : ce qu’il faut faire rapidement, ce qui devrait être fait dans un second temps, et quelques rêves pour le futur.

Un exemple intéressant et concret : la question de la récupération de l’eau de pluie. Le Grand Annecy est parti de la demande des citoyens, a formé un groupe de travail, comprenant des experts, des élus, des citoyens, et les services techniques de l’agglomération devant définir les attentes, les impacts, et la politique publique qui en découlerait. Finalement, les effets pervers de cette demande sont apparus rapidement : effet environnemental non négligeable (suppression de gros volumes d’eau d’infiltration), défaut d’égalitarisme entre habitants (ceux qui habitent en appartement et ceux disposant d'un jardin)... De plus, l’évaluation du budget global de la collectivité peut être un argument pour stopper les mesures les plus couteuses. Dans le cas de l’eau de pluie, la conclusion a été en faveur de la mise en place de mesures favorisant l’infiltration de l’eau pluviale, plutôt que la récupération trop onéreuse, qui en plus ne répond pas vraiment aux objectifs identifiés par le groupe de travail (en particulier environnementaux, et budgétaires). 

Autre biais, observé très concrètement à la Ville de Grenoble par exemple :  « l’effet projet ». Privilégier les projet au détriment d'une vision politique globale cohérente produit fréquemment des projets contradictoires qui nuisent à la lisibilité de l'action publique et à la politique. On constate parfois des incohérences évidentes. La volonté de développement prioritaire de CITIA et de la cité du cinéma sur Annecy, mis en parallèle de la suppression de l'édition 2023 du festival du film italien en est un bon exemple. Toujours sur Annecy, comment ne pas mettre en parallèle la volonté de rénovation générale des écoles, et se limiter en fait à celle de la seule école Carnot, tout en diminuant substantiellement les subventions de fonctionnement des écoles sur l’ensemble de la nouvelle commune d’Annecy... 

  • De l’importance de regrouper autour des politiques publiques : renouveler le débat démocratique

Les campagnes électorales sont une opportunité irremplaçable tous les 6 ans d’expliquer la cohérence des projets, avec une proposition de vision sur le long terme. Sans cela, il y a un problème de visibilité et de compréhension, et donc de rassemblement autour des valeurs défendues. En l’absence de cet exercice, comme c'est le cas avec la majorité actuelle issue d’un regroupement opportuniste et peu cohérent sur un programme commun, on finit par avoir un patchwork d’idées déconnectées les unes des autres, sans vision, sans grandes lignes, et donc une vulnérabilité accrue à l’opinion.

Malheureusement, les élus sont une sorte de corporation, qui préempte le pouvoir. Le désintérêt des citoyens pour la politique (à tous les niveaux) fait que, bientôt, il n’y aura plus de volontaires pour tenir les postes d’élus. Nous vivons déjà d'ailleurs une pénurie d’élus depuis les dernières élections, quelques soit le niveau, des communes se sont même trouvées sans candidat. 

Cette situation fait que les citoyens finissent par voter davantage sur des impressions que sur des programmes. Après les élections, les citoyens sont dessaisis des questions pendant tout le mandat et subissent un manque d’information organisé, un manque de consultation, et un manque de débat. A ce stade, il est important d’imaginer impliquer les gens sur des projets qui les touchent directement, et profiter de ces occasions pour globaliser les questions, pour rassembler autour des projets  qui s'inscrivent dans une visions portée par des élus, et pas uniquement des questions de passage piétons ou lampadaire.

 L’électeur doit être mis en position de s’approprier les sujets locaux. Il faut leur donner des opportunités de s’exprimer, de débattre et de comprendre. 

Conclusion : Que faire pour mobiliser nos concitoyens dans mise en place des politiques publiques ? 

Dans le monde actuel, il est impossible pour une nation d’être à la fois mondialisée, souveraine et démocratique (trilemme de Rodrick). Il faut donc soit abandonner soit la mondialisation soit la démocratie. 

A la vue des faits récents, il est surtout question de limiter la démocratie, telle la grenouille dans sa casserole qui ne se rend pas compte que ça chauffe. Les exigences de la mondialisation font donc la loi. Devant cette constatation, les électeurs ne voient aucun intérêt à aller voter, en particulier les jeunes, qui dans un monde ubérisé, ressentent une déconnexion flagrante avec le territoires et ses frontières, espace où leur opinion et leurs besoins ne trouvent pas leur place. 

Un axe de travail majeur dans un territoire est donc de lutter contre cette mondialisation qui détruit les territoires, et d’éviter de laisser tomber le citoyen dans le fatalisme. Il est évidemment compliqué de changer de états de fait hérités, mais il faut profiter des degrés de liberté qui demeurent à l'échelle de nos collectivités locales pour influencer les choix et avancer dans le bon sens. La solution collective trouvée à la fin permettra d’approcher une solution adaptée, en confrontant ses idées et influençant les décisions pour arriver à un compromis. Il ne s'agit pas de « couper les têtes », mais de rassembler autour de projets multicéphales. C’est un paradigme nouveau et c’est la position des Annéciens.

Commentaires
* L'e-mail ne sera pas publié sur le site web.