20 Feb
20Feb

Est-ce que “bétonner” est synonyme d’artificialisation des sols ? Pour garder les pieds sur terre, mieux vaut toujours ne pas se fier qu’à ce que l’on voit. Pour deux raisons :

  • même de l’espace, on ne voit jamais tout le potentiel de notre milieu de vie ;
  • parce que l’écosystème ne s'arrête pas à la surface du sol, il commence d’ailleurs où on ne le voit pas : sous terre.

La France perd chaque année entre 20 000 et 30 000 hectares de terre, cette perte se caractérise par ce que l’on appelle l’artificialisation des sols allant de pair avec une perte massive de biodiversité. Ce phénomène consiste à transformer un sol naturel, agricole ou forestier, par des opérations d’aménagement pouvant entraîner une imperméabilisation partielle ou totale (aménagements routiers, habitat, commerces, zones d’activités économiques, parkings…).

La définition légale de la zéro artificialisation nette aborde la notion d’artificialisation de la façon suivante :

« L'artificialisation est définie comme l'altération durable de tout ou partie des fonctions écologiques d'un sol, en particulier de ses fonctions biologiques, hydriques et climatiques, ainsi que de son potentiel agronomique par son occupation ou son usage ».

Les fonctions d’un sol sont de permettre l’infiltration des eaux, de servir de puits de carbone et de constituer un réservoir de biodiversité. Pour limiter l’artificialisation, il va être nécessaire de repenser les moyens permettant de parvenir à la satisfaction de nos besoins en logements, activités et infrastructures tout en évitant la dénaturation des sols (par exemple, densifier les constructions, réduire le nombre de places de parking individuelles).

Un des premiers objectifs de la loi Climat et Résilience vise à favoriser la réutilisation des espaces déjà construits. La réutilisation ou réhabilitation de friches ainsi que l’utilisation des locaux vacants devraient permettre d’avoir un impact significatif sur la limitation de l’artificialisation. C'est cette loi qui institue le Zéro Artificialisation Nette (ZAN).

Ce zéro artificialisation nette doit permettre de limiter l’impact de l’humain sur la nature, mais cela n’interdit pas du tout de construire. Si l’on a besoin d’un terrain pour une construction, cela veut dire que l’on devra compenser cette construction par la réhabilitation d’un terrain construit afin que le sol retrouve ses fonctions initiales. L'artificialisation nette des sols est définie comme le solde de l'artificialisation et de la renaturation des sols constatée sur un périmètre et une période donnés.

La loi va avoir un impact sur notre quotidien et va engendrer une modification de nombreux textes dans le code de l'urbanisme, environnement, construction et habitation. Elle se fixe comme horizon 2050 afin d’aboutir à ce zéro artificialisation nette des sols, avec un premier objectif intermédiaire de réduction de moitié du rythme de la consommation d’espaces dans les dix prochaines années.

Cette exigence portée par le “ZAN” est un véritable défi pour un territoire dynamique comme le bassin annécien et nous obligera à innover et repenser les politiques en matière d’aménagement du territoire. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle la liste Les Annéciens a défendu pendant les élections municipales la fin de l’urbanisation des terres agricoles et naturelles et l’exploitation d’une partie de l’emprise de l’aérodrome pour l’urbanisation (un cinquième). Le terrain de l’aérodrome est pollué, comme tous les sols des zones aéroportuaires, par l’oxyde d’azote déposé par les avions (il est donc déjà, de fait, artificialisé). En construisant sur ⅕ du terrain de l’aérodrome, et en rendant à la nature les ⅘ restant, la proposition d’un “Central Parc” que nous avions tenu pendant les dernières élections municipales dépassait les objectifs du “ZAN” tout en permettant de répondre à la demande croissante des besoins en logements, mais à des coûts acceptables.

L’extension urbaine sur ces terrains enclavés en cœur d’agglomération s’affirme comme une mesure responsable pour lutter contre le réchauffement climatique et la préservation de notre biodiversité (en plus d’en retirer les avions et les nuisances qui y sont liées). 

Bien qu’ils en aient défendu le projet (au nom d’une vision improvisée et hors-sol de l’autosuffisance alimentaire), nous ne proposerons donc jamais à l’équipe de Réveillons Annecy (ni à personne) de goûter des légumes oxydo-azotés d’un potager expérimental sur des terrains d’un ancien aérodrome. Personne n’est visionnaire avec les yeux du passé : le jardin d’autrefois, prolongement de la petite maison d’autrefois, voilà une vision d’autrefois. 

Le mouvement Les Annéciens

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