Quel territoire voulons-nous demain ?
C’est à cette question qu’un PADD (projet d'aménagement et de développement durable), deuxième étape de l'élaboration d'un PLUi (plan local d'urbanisme intercommunal), nous invite à répondre par la planification.
Malgré la propension des équipes candidates aux élections municipales à brandir des slogans politiques qui peuvent se résumer à “stop béton”, depuis 2020, force est de constater que… ça pédale dans la semoule. Toutes et tous, nous entendons les mêmes commentaires de la part des habitants : la surchauffe d’un territoire qui ne voit pas la fin de son développement, nombreux sont ceux qui ressentent une dégradation de notre cadre de vie, et il ne faut pas se leurrer : c’est vrai !
C’est le fruit de décennies d’attentisme, d’un libre marché assumé, et d’un manque de vision politique qui nous a notamment menés à grignoter nos derniers espaces naturels en cœur de ville, à continuer d’étendre des zones d’activités sur les terres les plus fertiles de l’agglomération, et à accueillir n’importe comment, sans se soucier des habitants qui souffraient déjà d’un manque d’équipements publics et d’infrastructures.
Cette révision avec l’intégration de nouvelles orientations, est une attente majeure des habitants qui ont vu ces dernières années leur territoire se transformer. Transformation qui pose aujourd’hui question face aux enjeux de la transition écologique. Nous en avons l’occasion, il faut changer de modèle.
Aujourd’hui, nous avons l’impression d’être consultés sur des orientations très générales qui ont souvent changé. Sans vision partagée entre la Présidente du Grand Annecy et le Maire d’Annecy, notre PLUi-HMB (habitat, mobilités, bioclimatique) ou encore notre SCoT (schéma de cohérence territoriale) sont victimes dans leur élaboration des sauts d’humeur des uns et des autres et de la volonté, toujours plus destructrice, de vendre des slogans politiques plutôt que de travailler sérieusement à l’avenir du territoire en discutant sur les leviers à notre disposition, dans l’ignorance de l'existence de nos voisins (communautés de communes du pays de Cruseilles, Fier et Usses, Rumilly Terre de Savoie, sources du lac d’Annecy).
La planification, pour produire les effets escomptés, doit être réaliste et sincère. Sommes-nous maîtres, en tant que citoyens et élus locaux, de jouer aux douaniers aux frontières du bassin annécien ? Depuis quand décréter un taux de croissance démographique, par exemple, relève d’un objectif politique de planification ? Cette attitude qui vise à concevoir l’aménagement du territoire comme un vase clos, laissant croire que les élus locaux ont un pouvoir sur tout, est une fuite en avant qui poursuit et aggrave les vrais enjeux, faute de les anticiper. Elle crée aussi de l’incompréhension chez les habitants qui constatent l’absence de vision de leurs élus, qui conduit à l'inaction.
Il est utile de rappeler qu’en matière d’aménagement, une collectivité est soumise à de nombreuses obligations et de multiples phénomènes exogènes : le cadre juridique national (et l'absence de planification à cette échelle), ainsi que les politiques des autres collectivités territoriales : le Département, la Région, les communautés de communes voisines. Ces éléments sont à prendre en compte, car ils peuvent contrevenir aux souhaits des élus locaux. Pour autant, les élus locaux peuvent et doivent agir, ils peuvent le faire en s’appuyant sur leurs prérogatives et leur influence auprès des autres échelons de décision. C’est ce contexte qu’il faut avoir à l’esprit. L’objectif est donc le suivant : trouver des marges de manœuvre pour répondre aux exigences de sobriété et répondre aux besoins prioritaires du territoire.
1) Listons les impondérables
2) Évaluons les marges de manœuvre
Cette liste non-exhaustive d’impondérables doit ensuite faire l’objet d’une étude par secteur, recensant les potentialités et les limites qui, une fois synthétisées et assemblées, donnent les potentiels du territoire et permettent d’envisager la planification.
Ce sont sur ces potentialités que nous pourrons juger du réalisme d’objectifs globaux, d’un taux de croissance démographique, d’un nombre de logements autorisés à la construction, des secteurs à sauvegarder ou à transformer.
Vous l’aurez compris, la méthode d’élaboration qui a guidé ce PADD, ne nous a pas satisfaits.
Nos remarques résonnent avec celles formulées par les membres de l’espace citoyen du Grand Annecy, que nous remercions de s’être emparés du sujet, et pour leur analyse d’une très grande justesse.
Le PADD doit être plus attentif aux publics vulnérables et favoriser la mixité sociale :
Le PADD doit cependant fixer des règles strictes pour atteindre la neutralité carbone :
Mais également, engageons des solutions concrètes pour préserver nos terres agricoles :
Pour conclure et reprendre la formule de l’espace citoyen : "il faut passer de ce catalogue de bonnes intentions à un projet partagé par tous". Aujourd’hui, nous appelons de nos vœux à ce que soient traduits concrètement dans la mise en œuvre de ce projet d’aménagement et de développement durable les points d’attention que nous avons portés à votre connaissance. Nous continuerons de les défendre dans les instances dans lesquelles nous siégeons dans l'intérêt des Annéciennes et des Annéciens et de l'ensemble des habitants de notre Agglomération.
Les élus Les Annéciens