24 Nov
24Nov

Les ATSEM de la ville d’Annecy sont actuellement en grève illimitée sur les temps du périscolaire. Cette grève, largement suivie, montre l’état de désespoir et de malaise de cette profession pourtant si importante pour l’éveil, l’éducation et l’épanouissement de nos jeunes enfants. Elle démontre malheureusement aussi la piètre qualité du dialogue social au sein de notre collectivité.

Le groupe des élus “Les Annéciens” tient à affirmer son soutien entier et total à ce mouvement de grève et aux personnels grévistes. Pourquoi ? Simplement parce que les revendications portées par les ATSEM sont légitimes et méritent d’être écoutées et satisfaites.

Nous tenons à rappeler les conditions de travail difficiles de ces agents qui accueillent les enfants le matin dès 7h30 en périscolaire puis les accompagnent durant le temps scolaire, avant de reprendre en charge totalement les enfants pour le temps du déjeuner (avec seulement 30 min de “pause”) avant d'enchaîner avec les temps éducatifs de l’après-midi puis l’accueil en périscolaire jusqu’à 17h30… Cela représente une amplitude horaire de présence dans les établissements de 10h par jour ! Inutile de décrire les conditions de travail auprès d’enfants : bruit, positions de travail à hauteur d’enfants, stress, changes de couches, nettoyages, surveillance, etc… Ces conditions usent les personnels qui, malgré leur passion pour leur métier et les enfants, finissent parfois leurs carrières avec de nombreuses difficultés, sans que pour autant, à Annecy, de possibilité de reconversion et/ou promotions/reclassements internes ne soient possibles.

Nous voulons également ici rappeler un certain nombre de réalités historiques de ce métier, et de promesses faites par différents élus. Du temps d’Annecy historique, les ATSEM étaient astreintes à faire 1527h/an de travail. Les élus d’Annecy historique avaient pris conscience de la pénibilité de ce travail et avaient en conséquence minoré le temps de travail pour compenser cette pénibilité. Cela n’a jamais mis en cause les équilibres financiers de la commune. En 2017, lors de la fusion des communes, les négociations ont abouti à un accord sur un volume horaire de 1570 h, là encore avec une minoration pour préserver les agents. Depuis cette année, la loi impose des négociations pour le passage aux 1607h. Le maire et la majorité n’ont pas souhaité, pour les ATSEM, activer les possibilités de dérogations offertes par la loi pour minimiser ce volume horaire, contrairement aux promesses faites. Il est faux de lire que cela serait impossible. D’autres collectivités en France de notre taille l’ont fait et ont réduit le temps de travail des ATSEM pour prendre en compte la pénibilité de leurs missions. Et dans notre collectivité, d’autres agents ont eu droit à de telles dérogations. Nous ne comprenons pas la position de la majorité sur ce point.

Par ailleurs, le malaise des ATSEM vient également de la charge de travail de plus en plus importante qui leur est imposée. Si les classes de petite et moyenne section de maternelle sont bien dotées d’un ATSEM par classe, le ratio tombe à 0.5 ATSEM par classe en grande section. Nous tenons là aussi à rappeler que du temps d’Annecy historique, les grandes sections bénéficiaient bien également d’un ATSEM par classe et que cela, contrairement à ce que dit l’adjoint en charge du scolaire, a toujours été un élément positif pour les enfants. La fusion des communes qu’on a vendu comme un nivellement par le haut, pour nos petits enfants à engendrer une dégradation de leur prise en charge par les professionnels de l’éducation. C’est inadmissible et nous rappelons les promesses de campagne du maire et de son équipe de doter chaque classe de maternelle (y compris les grandes sections) d’un ATSEM. Il est par ailleurs fallacieux de compter les “ATSEM volantes” (qui remplacent les ATSEM en cas de nécessité : maladie, absence pour raisons impérieuses, formation…) qui ont toujours existé à Annecy, dans le total des ATSEM et de comparer ce chiffre au nombre de classes…

D’autres causes viennent alimenter ce mal-être et forment les raisons de cette grève: cadences d’ateliers augmentées, prise en charge d’enfants en situation de handicap sur les pauses méridiennes (faute d’AESH suffisantes), etc…
Les ATSEM ont lancé, avec responsabilité et dans un esprit constructif, de nombreuses alertes depuis des années en direction des élus majoritaires. Sans succès. La grève déclenchée depuis le 15 novembre est donc une solution ultime, le cri d’alarme d’une profession à bout de nerf. Il doit être entendu comme tel et des solutions doivent être trouvées. Le dialogue social, si malmené par la majorité actuelle et son maire, doit reprendre. Il est impossible de rester dans le statu quo. Et ces personnels méritent le respect.

Nous savons que cette grève a des impacts sur la vie des familles. Les ATSEM le savent aussi et regrettent d’être obligées d’en arriver là à la lecture des témoignages que nous avons reçus. Mais la responsabilité revient aux élus qui refusent le dialogue et campent sur des positions intenables. Nous sommes d’ailleurs très heureux de voir les actions de soutien de nombreux parents d’élèves envers le mouvement des ATSEM, car ceux-ci sont conscients de l’importance du travail de ces personnels et de la dégradation des conditions d’exercice de leur mission. Il faut cependant que cette grève prenne fin le plus rapidement possible, grâce au dialogue social qui doit être rétabli par les élus

Cependant nous tenons à condamner avec force la manière dont la ville a décidé de remplacer les ATSEM grévistes par d’autres personnels municipaux (d’ailleurs plus ou moins formés). Pour se faire, la ville déshabille les animateurs périscolaires des enfants de l’élémentaire pour les basculer en maternelle… ce qui a pour conséquence de dégrader fortement l’accueil et les taux d’encadrement en élémentaire ! C’est scandaleux. Par ce tour de force, la ville tente de casser la grève en cours, en irrespect total de la législation et du droit reconnu internationalement de chaque travailleur à faire grève. Il n’existe pas, en ce qui concerne les ATSEM, de service minimum à Annecy et c’est tout à fait normal ! D’ailleurs la charte des ATSEM signée par la ville réitère ce droit fondamental à faire grève ce qui implique que les personnels grévistes ne soient pas remplacés.

                                                                                                                   Les élus Les Annéciens

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