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31 Mar
31Mar

Depuis plusieurs semaines (deux ans après le début du mandat et quatre ans avant le prochain) ce que nous avions dénoncé et que d’autres exprimaient à demi-mot, à savoir l'absence de dialogue du maire et le mal être général qu’il engendre, s'expose de manière explicite et vive dans les médias. Le phénomène est d’ampleur, il ne s’agit pas de quelques clics sur les réseaux sociaux.

Mal être des agents

Après plusieurs démissions au sein des services, le départ de plusieurs directeurs généraux adjoints suite à une restructuration à retardement au début du mandat, nous étions inquiets des conséquences des méthodes employées. Nous étions d’autant plus inquiets que nous connaissons les difficultés de la Ville d’Annecy à être attractive sur les emplois publics. Vie chère et sous-effectif chronique déjà présent dans nombre de services (petite enfance, police municipale…) accroissent mécaniquement la charge de travail et dégradent encore davantage l’attractivité de ces emplois.

Ces alertes nous ont été confirmées lors de premiers témoignages faisant état de la mise en place de nouvelles méthodes de management. Plutôt que de prendre au sérieux les causes racines du mal-être des agents dans l’accomplissement de leurs missions, la mairie leur propose un “accompagnement” directement par les élus majoritaires ! L’unique solution réside dans le choix d’un animal totem “pour comprendre et purger le mal-être et mieux comprendre les attentes des agents” : on se fiche de qui ? C’est une entorse majeure au principe de séparation de la gouvernance politique et opérationnelle telle qu’elle se pratique habituellement. Dans cette configuration, un agent municipal n’est plus sous la responsabilité de son manager de proximité, mais peut visiblement recevoir ses ordres (et contre ordres) de la part de tout l’exécutif !

Face à l’inaction de la majorité (les projets depuis deux ans ne se résumant qu’à de la communication), le travail de certains agents perd beaucoup de son sens. L’exemple type : l’élaboration du référentiel du bien construire à Annecy qui aura pris deux ans aux services, n’est en fait pas opposable juridiquement, non-prescriptif, et de toute façon, les services n’ont et n’auront pas les moyens humains, techniques et financiers d’en assurer l’instruction et l’exécution. Les professionnels n’ont d’ailleurs pas manqué de le souligner à la dernière commission “Ville durable” dans laquelle nous siégeons.

La dernière alerte en date est celle communiquée directement par le syndicat majoritaire des agents de la Ville (UNSA), confirmée par d’autres (FO).  “Est mis en cause le manque de considération, de reconnaissance, d’intérêt de la part de nos élus pour le travail effectué par les agents mais également, nos organisations internes et le manque de clarté, de lisibilité et de fluidité des processus de validation” [...] “Nous appelons solennellement Monsieur le Maire, les élus et à la direction générale à agir très rapidement pour enrayer cette spirale négative qui met notre collectivité et les agents que nous sommes en danger.”

Mal être des commerçants

« Les commerçants ne sont ni entendus, ni consultés sur rien » dixit Steven Rouche, secrétaire de l’association Les Vitrines d’Annecy qui démissionne pour donner l’alerte et pour dénoncer « le dédain » de la mairie vis-à-vis des commerçants et artisans. C’est le moyen qu’il a trouvé pour manifester sa colère. Et pour « officialiser son désaccord avec les projets (ou leur absence) de M. Astorg. » L’ensemble des hôteliers et restaurateurs membres du Groupement National des Indépendants (GNI) d’Annecy partagent les inquiétudes indignées de Steven Roche. Bref, plus de 300 commerces sont mécontents… un comble pour une ville à la réputation touristique internationale !   

Mal être des habitants

“On n’a pas voté pour ça”, “Pour le bien de la Ville, qu’ils s’entendent ou qu’ils laissent leur place” nous a-t-on dit sur le marché, lors de la distribution de notre bilan annuel. L’alliance de projets vantée la main sur le cœur par les leaders des listes “Réveillons Annecy” et “Annecy Respire” semble n’avoir été qu’illusoire, à tout le moins de courte durée, et nuit aujourd’hui au bon fonctionnement de la Ville, donc à la vie en collectivité. 

Beaucoup d’habitants n’ont pas confiance dans cette majorité municipale bien silencieuse sur la construction d’un débat démocratique. Les rares dispositifs de démocratie participative, pour la vie des quartiers et leur budget (assez maigre) dédié, pour les quelques rencontres festives d’information, servent surtout à essayer de légitimer ceux qui les mettent en place. La mise en perspective des projets pour la ville n’existe pas. A intervalles irréguliers, sans qu’aucun calendrier ne le réclame, la communication inonde les relais médiatiques : un jour les haras, un autre la piscine, une autre fois un tiers lieu dans une usine désaffectée, avec le refrain du vélo, de la ville du ¼ d’heure comme si on habitait New-York… Jamais rien de précis, jamais de date, un coup de com ! Mais déjà des candidats, avec leur photo, pour les législatives du 12 juin, ça oui, oui.

Mal être des élus 

Le Conseil municipal d’Annecy fait pâle figure : il faut dire qu’entre les groupes politiques, qui se sont multipliés pour aboutir actuellement au nombre de 5, plus une non-inscrite alors qu’il n’y avait que trois listes au second tour en 2020, on ne sait parfois plus trop, en tant qu’annécien, par qui on est représenté. D’urgence, il faut que la majorité prenne la mesure de sa courte victoire et de la déformation du vote provoquée par nos institutions et le mode de scrutin : François Astorg ne représente objectivement au premier tour qu’un quart des électeurs annéciens ayant fait le déplacement (soit 30% du corps électoral). Un mandat comme le sien, comme celui de tous les élus, même s’il n'est pas illégitime, devrait l’obliger à adopter une posture conciliante, de médiation, ce qu’il ne fait pas et n’a jamais fait au sein du conseil municipal.

Pour qui passons-nous auprès des autres communes lorsque la ville-centre de l’agglomération est incapable de se mettre d’accord pour défendre sa position et ses intérêts au sein d’institutions intercommunales, quand son maire préfère invariablement la gouaille hautaine au dialogue ? Au bout du compte, la ville en souffre, perd de sa crédibilité et de sa capacité à jouer un rôle moteur à cause de quelques élus lobbyistes dont la motivation évidente est d’abord de défendre leur coin de ring, bien loin de la vision du bien commun et de l’intérêt général que nous avons.

Annecy a besoin d’un nouveau souffle, d’une unité, qui replace l’intérêt général au cœur des enjeux de notre conseil municipal, pour et au service de ses habitants. 

Nous demandons au maire et ses équipes de prendre enfin la mesure du mal être, d'arrêter cette vaine arrogance et d'écouter. Etre maire, c'est d'abord être l'animateur de son territoire pour en tirer le meilleur. En cherchant à imposer sa vision d'Annecy et des chantiers prioritaires sans dialogue, le maire s'isole de plus en plus des forces vives et mène une politique dénuée de sens.

Le mouvement Les Annéciens

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