16 Sep
16Sep

Antoine Grange est vice-président du SCoT (schéma de cohérence territoriale du bassin annécien) en charge de la transition écologique. Comme chaque année, il dresse le bilan des 12 derniers mois pour le blog du mouvement Les Annéciens.

Ayant à cœur de défendre un aménagement plus vertueux, à la hauteur des enjeux sociaux, écologiques et économiques de notre territoire du bassin annécien, je suis depuis deux ans vice-président du schéma de cohérence territoriale (SCoT) du bassin annécien.

Comme pour tous les sujets, avec Les Annéciens, nous nous attachons à rendre plus lisible le rôle des élus et des institutions locales et les conséquences des décisions prises sur notre territoire et ses habitants. C’est la raison pour laquelle j’avais déjà écrit un article sur le rôle du SCoT dans l’aménagement de notre territoire. 

La première année du mandat a permis d’engager la procédure de révision du SCoT adopté en 2014 en en précisant les objectifs politiques. Cette deuxième année, dont je souhaite faire le bilan, a été celle de la réalisation du diagnostic territorial, première grande phase de la révision de notre document d’urbanisme. 

En parallèle des avis que rend régulièrement le SCoT sur les modifications des plans locaux d’urbanisme (PLU) des communes, le travail avec le bureau d’étude a concrètement pu débuter. Cette première phase est indispensable pour partager une vision commune sur l’état actuel du territoire concernant toutes les thématiques (social, environnemental, économique, commercial, habitat, mobilités, ressources…). 

Cette phase est l’occasion pour les élus des différentes collectivités membres du SCoT de se rencontrer et d’échanger sur les problématiques communes mais aussi propres à chaque territoire. Entre les territoires de la communauté de communes des sources du lac d’Annecy et du pays de Cruseilles, les enjeux d’aménagement ne sont pas les mêmes. Pour autant, tous sont confrontés au changement climatique et à la crise énergétique qui leur impose des solutions globales. J’ai été très heureux de pouvoir échanger avec les représentants de toute cette diversité de territoires dans le cadre commun du SCoT que nous partageons.

Ensuite, le travail du bureau d’étude nous a permis d’objectiver quelques données, pour rendre compte des tendances et évolutions du bassin annécien. Pour ne citer qu’un exemple : organiser la proximité du domicile et du travail !

L’indice de concentration de l’emploi correspondant au nombre d’emplois présents sur le territoire du Grand Annecy (dans les entreprises, les administrations, les professions libérales…) ramené à la population active (tous les habitants de 15 à 64 ans résidant sur le Grand Annecy). Un indice supérieur à 100 signifie que le territoire est attractif : il y a plus d’emplois offerts que d’habitants pouvant les occuper. Il existe un flux quotidien de personnes qui n’habitent pas le Grand Annecy et qui viennent y travailler. A contrario, le territoire des communautés de communes Fier et Usses ainsi que du Pays de Cruseilles voient plus de la moitié de leurs actifs aller travailler dans d’autres territoires.

De ces premières données nous pouvons tirer un constat : à l’heure du réchauffement climatique et des ambitions de réduction d’émissions de gaz à effet de serre, l’aménagement de notre territoire n’est pas de nature à favoriser la “démobilité” car de moins en moins d’actifs habitent et travaillent sur la même intercommunalité, exception faite du territoire des sources du lac d’Annecy, dont l’enclavement et le fort tissu industriel favorisent la concentration d’emplois locaux.

Pourquoi prendre cet exemple ? Parce qu’à lui-seul, il constitue un enjeu transversal à toutes nos problématiques, fait parler la vision et met en évidence les solutions que nous défendons avec Les Annéciens : 

  • Agir d’abord et avant tout contre les phénomènes de ségrégation spatiale. Essentiellement dus à la relégation des personnes les moins aisées loin de leur lieu de travail (le bassin d’emploi étant surtout concentré sur le cœur de l’agglomération annécienne) à cause du prix du logement.
  • Diminuer la place de la voiture grâce à la conception d’un réseau de transport en commun de proximité performant (TER et bus) et d'infrastructures favorisant les mobilités douces (amélioration des cheminements piétons, amélioration du réseau d’itinéraires cyclables).
  • Préférer la densification à l’étalement urbain, afin de préserver les corridors écologiques essentiels à la préservation de la biodiversité.
  • Améliorer la mixité fonctionnelle des espaces urbanisés (habitats, commerces, activités productives, services publics, espaces verts et loisirs), pour garantir une densification qui ne nuise pas à la qualité de vie.
  • Préserver et renforcer notre tissu agricole riche en savoir-faire pour sécuriser l’approvisionnement du territoire en produits locaux de bonne qualité, plus vertueux pour notre santé et notre environnement.

Ces cinq axes principaux guident mon action au quotidien. C’est ceux que j’aurai à cœur de défendre lors de la prochaine grande étape qui s’amorce : l’élaboration du Projet d’Aménagement Stratégique (PAS). Ce document permet aux élus de se projeter dans le temps long à travers la spatialisation d’un projet politique stratégique et prospectif à l’horizon de 20 ans. Il s’assure du respect des équilibres locaux et de la mise en valeur de l’ensemble du territoire par une complémentarité entre développement de l’urbanisation, système de mobilités et espaces à préserver.

L’adhésion nouvelle de la communauté de communes Rumilly Terre de Savoie au SCoT fait prendre tout son sens à l’ambition de cette révision. Ce grand bassin de vie qui rassemble désormais plus de 280 000 habitants va pouvoir plancher sur les mutations à l'œuvre et l’impact sur ses politiques d’urbanisme.

Antoine Grange


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